Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

M'écrire

Archives

29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 23:57




Voici comment, après des mois de voyages erratiques, après avoir navigué sur le fleuve Ogooué, flâné en Angola et à São Tomé e Principe, traversé les plateaux Batékés, je me suis retrouvé, le 3 octobre 2006, à Brazza au-dessus du cercueil de Brazza, un cercueil tout neuf Fabriqué par EGPFC-Wilaya d'Alger, en compagnie du président de la République gabonaise Omar Bongo Ondimba, du président de la République congolaise Denis Sassou Nguesso, du président de la République centrafricaine François Bozizé, des ci-devants concitoyens Douste-Blazy et Kouchner, du nonce apostolique Monseigneur Andres Carrascosa Coso, et du roi des Tékés Auguste Nguempio.

D'hôtels en hébergements de fortune, j'ai consigné les vies de contemporains de Brazza, celles de David Livingstone ou de Henry Morton Stanley, mais aussi celles d'Albert Schweitzer et de Jonas Savimbi. A Kigoma, sur les rives du lac Tanganyika, j'ai cherché les traces de la guerre congolaise de Che Guevara. Afin d'écrire les vies d'Emin Pacha et de Tippu Tip, je me suis rendu à Zanzibar.


 

J’ai eu vrai coup de cœur pour ce roman, pas quelque chose d’instantané, mais plutôt quelque chose qui s’est construit de pages en pages à ma plus grande surprise,  et qui une fois la dernière refermée s’est conclu par un : j’ai envie de le relire.

 

Je ne suis habituellement pas attirée par les biographies, ni par les récits de voyage mais si Equatoria emprunte des deux genres, il s’agit bel et bien d’un roman ou en tout cas d’une construction romancée.

 

Car si j’ai peu à peu été séduite par la vie et les aventures de ce Brazza et de ses contemporains (Loti, Stanley, Livingstone, Conrad, Schweitzer, Céline, Jules Verne, Jonas Savimbi, Emin Pacha, Tippu Tip, même le Che et j’en oublie sûrement) c’est grâce à la construction du roman qui ne retrace pas la vie de Brazza de manière chronologique mais qui part des lieux que l’auteur revisite pour évoquer tout en puzzle un épisode de la vie de l’explorateur et de ses rencontres. L’histoire ainsi rattachée à la Géographie donne au récit une dimension très vivante, très rythmée, très moderne.

 

De plus, le fait que l’auteur intitule certain de ses chapitres par les prénoms des personnages qu’il va évoquer (ex Pierre et Jules pour Pierre Brazza et Jules Verne) nous rend les personnages plus proches de nous et nous oblige parfois à un petit jeu de Quizz, qui titille la curiosité, ou du moins la maintien en éveil. Au détour du voyage de l’auteur, on est témoin également des belles rencontres qu’il tisse, avec souvent de vrais beaux personnages pitoresques, témoin de l’Afrique du passé et d’aujourd’hui.

 

Au-delà de l’évocation de la vie de Brazza, c’est aussi tout un passé de l’Afrique mais aussi de l’Europe que l’on revisite : Le temps des terres encore vierges, des longs fleuves inconnus, des grands explorateurs et des sociétés de géographie mais aussi, bien sûr, le colonialisme et l’esclavagisme ainsi que l’Afrique d’aujourd’hui qui s’est construite de son passé, de ses divisions, réunions,  coups d’état ( où l’on apprend que l’actuel état de la Tanzanie est né après un coup d’ Etat qui a eu lieu en 1964 et qui a réuni le Tanganyika et Zanzibar).

 

 

Un livre à déguster doucement comme Patrick Deville aime sûrement voyager : pas pressé, curieux, érudit mais attentif aussi à la beauté du paysage (les couleurs acidulés de Sao Tomé, la beauté d’un port). En savourer aussi, par ci par là, les pointes d’humour…

A lire absolument avec une carte à portée de la main, ou mieux, si possible, avec des cartes : celles du passé qui éclairent celles d’aujourd’hui.

Un très bel extrait concernant l'esclavage :

 

"Ces histoires ne sont ni antiques ni lointaines pour qui dispose d’un instrument précis de mesure de l’histoire. J’ai vu les yeux de ma grand-mère qui a vu les yeux de son grand-père. Celui-ci vivait au Caire. Il a vu souvent les yeux de Lesseps qui ont vu les yeux de Brazza. Tout cela se joue en un rien de temps. La traite n’est pas une histoire ancienne. Des hommes dont je vois les yeux ont vu les yeux de leur grand père qui fut un homme enchaîné. "

Partager cet article
Repost0

commentaires