
Le Narrateur, Pierre, photographe d’une agence parisienne, part au Kenya reconnaître le corps de son père, Michel, qu’il n’avait vu auparavant qu’une fois. C’est sur les traces de ce père absent, ex soixante-huitard qui s’est exilé il y a près de trente ans à Kibera, au cœur de la misère d’un des plus grand bidonville d’Afrique, que l’auteur nous entraîne. Mais à cette quête des origines filiales, se superposent des voix d’outre tombe, des voix de fantômes, telles celles des chœurs des tragédies antiques, celles des morts qui racontent l’histoire de ce pays fabriqué autour de la ligne de chemin de fer construite par les anglais à la fin du XIX siècle, des spoliations, des injustices de la colonisation.
Ces voix accompagnent le narrateur qui au bout de son voyage initiatique respectera le dernier vœux de son père : une mort selon le rituel des Kényans, l’exposition du corps en plein air, pour être dévoré par des oiseaux prédateurs.
C’est par de courtes scénettes, de courts chapitres, sans dialogue ni épanchement sur la psychologie des personnages que Stéphane Audeguy aborde l’histoire entremêlée du narrateur et celle du Kenya. Mais à force de détachement, justifié peut être par une quête qui dépasse celle des vivants, on ne s’attache malheureusement pas suffisamment ni à l’histoire, ni aux personnages.