Des mots montés du murmure intérieur,
inspirés de ma lecture en cours.
Daewoo - François Bon
Ton reflet en quatre lettre
Debout derrière la fenêtre,
D’en haut vos vies en miniature
Et le flux lent de vos voitures
Qui déchirent l’aube encore obscure
Mais ton reflet en quatre lettres.
Derrière toi, les faux-semblants,
L’odeur entêtante du café,
Et celle des tartines grillées,
Un vieux poste aux ondes brouillées
Et le babillement des enfants.
Mais sur la table où s’émiettent
Les restes du petit déjeuner,
Trône un papier où quatre lettres
Te condamnent chaque mois à signer
Ta déclaration de non-conformité.
Devant les grilles de l’école,
A l’heure où pointent tes enfants,
Toujours courir et faire semblant,
Esquiver vos apitoiements,
Et fuir vos vaines paroles.
Et revenir sans te presser
Car tu sais l’heure du facteur.
Traîner en langueur et longueur,
Une dernière fois, vérifier l’heure
A ton poignet et puis rentrer.
Mais dans ta vieille boîte aux lettres,
Sous les factures, les impayés,
Traîne un papier où quatre lettres
T’ordonnent chaque mois de signer
Ta déclaration de non-conformité.
Alors te regonfler d’espoir,
Et rédiger deux ou trois lettres,
User tes yeux sur Internet,
S’égarer vers ces quatre lettres
Soudain, préférer l’écran noir.
Se retrouver face au reflet,
Au loin, fument les cheminées.
En vain, toujours la rechercher,
Comme on recherche sa moitié
Plantée là, un jour de piquet.
Mais avec tes sœurs ouvrières,
Ce jour-là furent enterrés
Tous tes rêves de vie ordinaire
Mis au rebut par un papier,
Ta déclaration de non-conformité.