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4 février 2007 7 04 /02 /février /2007 16:11
















1828. Marion Gaudet vit dans une plantation dans le Sud des Etats-Unis, où elle promène son ennui et son détachement. Elle pose un regard froid et désabusé sur sa morne vie, sur son mari bête et méchant qui ne l’aime pas, qu'elle observe à la dérobée tandis qu’il se livre à  son divertissement préféré :l’humiliation de ses esclaves. Evoque son quotidien où se mêle le passé, son père aimé, trop tôt disparu, ses regrets et ses aspirations vaines de femme libérée.

Et puis, il y a Sarah, son esclave attitrée, maîtresse malgré elle de son mari et mère d’un petit bâtard, Walter, créature ingouvernable, …petit chat sauvage, beau et rebelle, qu’un médecin diagnostiquera sourd. Entre Manon et Sarah, des relations ambiguës se nouent et se dénouent, tour à tour maîtresse ou esclave, rivales ou unies.

Comme un écho à cette atmosphère étouffante, à l’air lourd et pesant, la menace gronde au loin. Le choléra et la fièvre jaune décime La Nouvelle-Orléans et des esclaves fugitifs fomentent des révoltes que les patrouilles de planteurs parviennent de moins en moins à contenir.

Frappée de plein fouet par cette double menace, Manon en profitera, par un instinct de survie et d’indépendance, pour sortir de sa léthargie, sans toutefois parvenir à se départir de ce détachement, de ce vide laissé en elle.

Avec une écriture tendue et dépouillée, Valerie Martin tisse une fresque intérieure riche de silences, de regards appuyées ou fuyants, où s’emmêlent les fils des faux-semblants et des apparences, des bourreaux et des victimes.

Eclat de lecture :

 

J’ai demandé : « Qu’a dit le docteur à propos de Walter ? » 

Elle a levé les yeux vers moi, puis les a reposé sur son travail avec une expression aussi impénétrable que celle d’un masque mortuaire.

«  L’entend rien »

- A-t-il recommandé un traitement particulier ?

- Tout ce que le maître a dit, c’est qu’il n’entend pas.

- Et celle-là, elle entend, » ai-je demandé en désignant le bébé. Pour toute réponse, Sarah a posé le tissu sur ses genoux, s’est tournée vers la petite créature et a frappé dans ses mains ; à ce claquement, sec comme un coup de fouet, les bras de l’enfant ont jailli du berceau et elle a poussé un petit cri de surprise. Sarah s’est remise à son travail. Sa bouche avait un pli satisfait et insolent.

J’ai protesté : « Tu pouvais te contenter de me répondre. » Elle en arrivait maintenant à la couture de l’ourlet, qui s’est déchiré d’un seul cri.



Ici Le billet de Tatiana 
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commentaires

L
Je suis comme toi Sandra, je jettre rarement un coup d'oeil aux "Livres de poche", dans mon esprit ce sont surtout ou des classiques (ou je ne sais quoi en fait !). Mais tes billets semblent bien prouver le contraire ! <br /> Pour les romans d'espionnage je te rejoins tout à fait, je n'ai jamais su les aborder, ils m'ennuient à mourir (comme les films d'ailleurs !)
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S
Une très bonne sélection ce prix... Je partais dubitative car je lis en fait très peu de Livre de Poche mais je suis bluffée ! Sur la sélection de février, ces deux romans m'ont vraiment séduite et le troisième, est loin d'être mauvais ...mais les romans d"espionnage ne sont définitivement pas ma tasse de thé...je l'avoue (shame on me ? oh non...J'ai l'aval de Pennac !!!) j'ai abandonné !
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L
Bonsoir Sandra ! tu me donnes vraiment très envie de lire ce livre... J'en avais déjà entendu parler, mais sans plus, et là TILT, il est fait pour moi !<br /> Merci je le note tout de suite !
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