De Sylvie Testud, je ne connaissais que son interprétation de la jeune française expatriée dans une entreprise au Pays du Soleil levant, interprétation si remarquable qu’elle m’avait illico presto poussé à découvrir le roman dont le film est tiré : Stupeur et tremblements, d’Amélie Nothomb (Roman remarquable itou, bien que je ne sois pas vraiment fan par ailleurs du reste de l’œuvre de l’auteur).
Tout ça pour dire qu’en découvrant son roman « Le Ciel t’aidera » dans ma boîte aux lettres il y a quelques jours, j’étais plutôt assez contente de ce petit cadeau de lecture, bien qu’une petite voix (mal intentionnée ?) au fond de moi me disait : Mouaih, facile de se faire ouvrir les portes des maisons d’édition quand on est connu, pi d’abord c’est pas un écrivain…
Et bien ma petit voix était vraiment mal intentionnée car le roman de « Mademoiselle Testud » m’a drôlement plu et le mot « drôlement » n’est pas placé là à la légère car j’ai beaucoup ri.
(Oui, oui, j’ai bien écrit « ri », pas « souri », un vrai rire littéraire et ce n’est pas si souvent que ça : mon dernier rire littéraire remontait à la lecture de la nouvelle « Junior » d’Anna Gavalda tiré de son recueil « Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part » (vous savez le coup du sanglier…) et mon plus mémorable rire littéraire remonte à près de dix ans, sur une plage des Landes, un « Wilt 1 » Tom Sharpe tout écorné ouvert devant moi).
(Soit dit en passant, la plage n’est pas le meilleur endroit pour vivre un rire littéraire quand on ne veut pas se faire remarquer, mais j’avais fait des émules de Tom Sharpe cet été-là…)
Car quand Sylvie Testud ne tourne pas, quand elle ne joue pas un rôle sur un plateau, c’est une vraie « flippeé » de la vie, qui « a peur de tout sauf du ridicule » dixit son copain : des parkings souterrains la nuit (là je la rejoins), de la rue, des toitophiles qui pénètrent dans votre appartement par le velux, des oiseaux…Et du coup se retrouve dans des situations inimaginables (d’où le mot ridicule utilisé par son copain) et là je ne dirais pas un mot de plus car tout le piment de son roman est là …
Bon, bien sûr, on se dit que parfois elle en fait un peu trop et certains passages de son roman comportent quelques lourdeurs et longueurs. Mais, la dernière page fermée, difficile de ne pas craquer pour ce petit bout de femme qui se dévoile à cœur ouvert, et qui dit tout haut les angoisses que nous ressentons tout bas, parce que ces choses-là, dans notre super société où il est de bon ton de foncer sans exprimer ses angoisses et ses peurs, sont bien trop souvent tues et refoulées : la peur de ne pas être à la hauteur dans son rôle de mère, la peur de la foule, de la nuit, de la solitude la nuit quand la maison craque, de retrouver sa maison en feu, de prendre une décision, du regard des autres…
Ca fait du bien de savoir qu’il y a plus flippée que soi…
Eclat de lecture :
" Mon chien a accepté d’oublier la trompe de l’aspirateur pour se visser à la porte d’entrée. Il est venu voir qui est l’ami qu’il faut lécher de pied en cap. Tiago est un animal gentil. Le mot « gentil » semble parfois faible lorsqu’il s’agit de mon chien. Ce chien est un chien aimant. Il aime l’espèce humaine comme aucun homme ne l’a jamais aimée. Il n’a qu’une idée en tête : lécher les humains. Dès que l’un d’eux se présente, il sort son immense langue rose et humide, prêt à badigeonner l’être aimé de sa salive. Mon chien est capable de prendre peur devant un sac en plastique qui s’envole. Il est terrorisé par mon aspirateur. Il frôle la crise cardiaque quand une porte claque à cause du vent. Il y a pourtant une chose qui le ravit : c’est quelqu’un qui veut entrer chez moi ! "
Cueilli également chez Hélène