J’évoquais hier France Inter et Patricia Martin.
Ce matin je me suis réveillée avec sa voix qui, comme chaque jour de la semaine, me berce de ses inflexions fraîches et gaies le temps d’une petite demi-heure, tandis que l’esprit oscille dans cet état de bien être entre rêve et réalité. J’aime la voix de cette femme, c’est mon petit rayon de soleil ; j’aime l’entendre taquiner la journaliste Agnès Bonfillon et faire connaître aux auditeurs les coulisses du studio. Je trouve que cette tranche matinale, qu’elle retrouve après quelques années d’absence (pendant lesquelles je n’ai pu l’écouter parce qu’à 11h…Que voulez-vous faut bien travailler !) lui convient à merveille.
Toujours est-il que de somnolence en semi réveil, j’émerge habituellement des limbes du sommeil un peu avant 6h30 lorsque débute sa bien nommée chronique « Je vous réveille » qui est souvent une chronique littéraire, art dans lequel elle excelle. (Pour mémoire, sa chronique de l’an passé « à titre subjectif »)
Et ce matin, Patricia Martin, passeuse d’émotion, interviewait Domique Bourgon, gardienne d’une cité HLM de Belfort depuis dix ans, qui vient de publier aux éditions du Seuil un recueil de nouvelles qui s’intitule « Un sens à la vie ».
Ces nouvelles s’ancrent/s’encrent pour beaucoup dans son vécu de gardienne et donc de dépositaire d’histoires. Mais au-delà de ce témoignage, sa voix, surtout sa voix contient toute la promesse d’une belle écriture.
A la question de Patricia Martin : « On parle toujours dans des zones entre guillemets difficiles de quartiers difficiles, mais qui est le plus sensible finalement : c’est le quartier ou ce sont les personnes ? »
Réponse de Dominique Bourgon :
« Le quartier, il a une atmosphère, il a des périodes de crises, de cris. Dans l’air, y’a quelque chose d’exacerbé parfois, de léthargique d’autres fois, donc oui, je crois qu’on peut dire que le quartier est sensible…Et puis les gens bien sûr sont sensibles. Les gens dans le quartier ont des histoires souvent dures, complexes, donc des histoires riches. Y’a beaucoup de personnes qui viennent d’ailleurs et y’a des gens qui sont d’ici mais même quand les gens sont d’ici, moi je pense qu’ils sont d’ailleurs, parce que c’est un ailleurs qui se nomme précarité. »
Puis elle ajoute : « j’ai voulu écrire des histoires qui s’inscrivent dans la précarité des gens et dans la vie des quartier (…), j’ai voulu changer les regards (…) et j’ai aussi voulu faire un vrai travail d’écriture : (…) retranscrire l’oralité qui est très riche sur le quartier, écrire en respectant cette oralité, en la faisant vivre… »
Dominique Bourgon, qui a le goût des mots depuis toute petite, écrit depuis 3 ans. Elle a surtout été happée par l’urgence d’écrire après la défénestration d’une jeune femme dans son quartier, ce jour où elle s’est demandée au bout de combien de temps on allait oublier son geste et les raisons de son geste.
A découvrir de toute urgence donc…
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