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M'écrire

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10 septembre 2008 3 10 /09 /septembre /2008 20:51

























Madison a onze ans losqu'elle est enlevée au retour de l'école par un homme au volant d'une Volvo noire. C'est le "roman" de sa captivité que nous donne à lire Delphine Bertholon en entremêlant finement trois genres littéraire : Le journal intime, le genre épistolaire et la narration.

" Aujourd'hui est un jour spécialement spécial. Aujourd'hui, R. m'a donné un cahier".
C'est par ces mots que Madison inaugure le premier cahier de sa longue captivité, dans lequel elle se livre tout entière, non sans humour bien souvent :  ses peurs, ses questions, ses doutes, sa détermination surtout à sortir de la geôle souterraine où la tient prisonnière R. qu'elle surnomme ainsi puisqu'il porte le même prénom que son père Raphaël; Elle relate son quotidien, ses relations avec son ravisseur et l'espoir qu'elle a de revoir un jour ceux qu'elle aime : ses parents bien sûr, son grand-Père, sa meilleure amie Sabrina et Stanislas, son jeune prof de tennis de dix ans son ainé dont elle est raide amoureuse.

"N'oublie jamais que je t'aime."
C'est avec ces mots que sa mère achève chacune des lettres qu'elle écrit secrètement à sa fille. Le temps passe, les jours, les mois, les années ;  les pistes, les espoirs, les fausses pistes, les petits corps à reconnaitre à la morgue "...non non, ce n'est pas elle, je vous assure Messieurs, ce n'est pas ELLE ! Un soulier sous plastique, par pitié, pas le sien, un morceau de tee shirt, une culotte tachée...Mais s'il vous plaît, ne la tuez pas - l'espérance ! Par pitié, encore quelques minutes, quelques jours, quelques mois..."

"Au plus spécialement terrible des profs de tennis"
Dédicace de Madison à Stanislas, sur la première page de  "Twist", recueil de photographies que le grand-père de la fillette, grand reporter de renom, lui avait consacré trois ans avant sa disparition. Recueil que le jeune homme confie comme un gage  à Louison dont il est éperdument amoureux, sans la réciprocité. Et les deux histoires peu à peu vont se rattraper...

Même s'il fait écho à des faits d'actualité récents, "Twist" est tout sauf un livre sur l'enfermement. Delphine Bertholon signe un très beau livre sur l'enfance, sur l'amour et surtout sur la Liberté, avec un grand L et un petit l.  également : celle que nous portons en nous, dont nous nous privons bien souvent, toutes ces barrières que nous nous mettons comme des prisons. Car dans ce roman, la moins libre n'est pas celle que l'on croit : Car, depuis son cachot, Madison, avec le tempérament de battante qui la caractèrise et grâce à l'évasion qu'elle puise dans l'écriture, est bien plus libre que sa mère, fort justement "amputée" d'une partie d'elle, son enfant ;  que Stanislas, son "plus spécialement terrible prof de tennis" englué dans une histoire d'amour non réciproque, de celles qui portent leur fin dès leur naissance ; que son grand-père, sa tante... La liberté oui, grande ou petite (la cigarette, parlons en ! écrit elle alors qu'elle meurt d'envie de...bon passons,), et toutes les stratégies que nous déployons pour y accéder ou s'en approcher.

Un très beau livre, finement construit, finement écrit. Un bel hommage à la littérature, aux mots aussi,  qui rentrent pour une large part dans ce qui définit notre liberté.

Un grand merci donc à Delphine Bertholon à sa petite "Twist" à qui je souhaite de faire grand bruit en cette rentrée littéraire.
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