
Après mon coup de cœur pour « Le café de l’Excelsior », je poursuis ma découverte de l’écriture de Philippe Claudel avec son dernier recueil de nouvelles « Le monde sans les enfants et autres histoires ». Le recueil est composé de vingt histoires destinées aux enfants et à ceux qui n’ont pas perdu « leurs lunettes bleues, lunettes roses ». Ce qui n'est peut être pas mon cas car j’avoue ne pas avoir été complètement séduite malgré une –toujours- très belle écriture et des thèmes louables : L’horreur de la guerre au quotidien (« Le petit voisin »), la télé qui rend con (« La vie de famille »), les enfants des bidonvilles (« Jaime »), le vaccin du bonheur (« Le vaccin de Zazie »)…
Il y a toutefois de belles perles qui vous font venir le sourire jusque là …
Le dur métier de fée
Coraline peigne sa poupée dans sa chambre quand une petite fée apparaît devant elle. Loin d’être surprise ou heureuse (Normal quoi ! vous feriez quoi, vous, si une fée se plantait devant vous ?) la fillette l’accueille avec ennui et indifférence. Comme cette histoire suit une nouvelle qui met en scène des enfants blasés par les histoires de leur grand-père (« Les histoires »), on se dit bof c’est reparti…Que nenni !!! C’est bien une histoire de notre siècle mais pas celle que l’on croit ! Et on sourit du tour que nous joue l’auteur, à croire qu’il a fait exprès de faire suivre ces deux nouvelles…
Le chasseur de cauchemars
Raymond et José seront bientôt à la retraite et se lamentent sur la disparition prochaine de leurs beaux métiers artisanaux mis à mal par les technologies modernes et la loi du marché. Rien d’exceptionnel me direz-vous sauf que…Raymond et José n’ont pas vraiment …euh …des métiers ordinaires et …de tout repos : l’un traque, l’autre dresse les…cauchemars.
Dégougouillez-moi bien !
Quand Philippe Claudel réinvente Queneau…
Le gros Marcel
Mon petit préféré !
Dans sa jeunesse, Marcel était svelte et faisait de l’œil à Joséphine…Joséphine, le tutu de Marinette…Car Marcel est un cahier, un beau cahier à la couverture rouge plastifié…
Au premier trimestre, ils filent le parfait amour tous les lundis dans le cartable de Marinette…Mais au fil des mois, le beau Marcel se gorge de photocopies et d’exposés en tout genre…et devient …le gros Marcel.
Succès garanti si cette histoire est un jour illustrée pour les enfants…
Eclats de lecture :
Il toucha le fond. D’autant qu’il continuait toujours à grossir, grossir, grossir, car en plus des photocopies dont le rythme de distribution ne faiblissait pas, la nouvelle maîtresse avait convaincu les enfants de faire un herbier, et c’est bien sûr Marcel qui avait hérité d’un brin de muguet, de deux marguerites, cinq violettes, un pissenlit, un chardon – non mais vous vous rendez compte, un chardon ! – et d’une tulipe, heureusement naine.
Voir aussi chez : Florinette