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27 avril 2006 4 27 /04 /avril /2006 23:21
Photo Sylvie Percheron

Il est un peu plus de minuit, la fête bat son plein, ce soir dans la clairière cernée par la forêt. Des couples enflammés de désirs s’éloignent dans l’obscurité. Et moi, je reste là, tout seul, assis sur une vieille chaise bancale à l’état brut, insensible à la musique et aux rires qui fusent de toutes parts, coupé du reste du monde par mon désir de toi.

Non,  je ne viendrai pas vers toi, je ne te ferai pas ce plaisir. Je te vois déjà, avec ton air narquois, tendue, offerte, devant l’évidence de mon désir de te prendre par la taille et de poser mes lèvres sur toi.

Je te regarde parmi les arbres que les ténèbres avalent ou dévoilent au gré du stroboscope qui oscille.

Je te regarde papillonner de ci, de là, autour de tous tes courtisans que tu aguiches, rouge de plaisir.

Si tu savais comme ils t’ignorent superbement, ma pauvre Garance. Ils t’accueillent avec effusion, te caressent un peu distraitement, puis poursuivent leurs conversations sans même un regard pour toi.

Mais tu repars, sûre de ton pouvoir de séduction, et tu réapparais plus loin, près de la piste improvisée sur un lit d’aiguilles de pins…Ah ! tiens !…je savoure ma victoire…On te repousse, on te demande un peu de retenue, un peu de respect...
 
Alors tu t’éloignes, dépitée, tête baissée.

Soudain, je ne t’ai pas vu venir, tu es là, tout près de moi…Je te toise, imperturbable…Mais ton parfum m’envoûte à nouveau. Et je sens monter en moi un désir fou, impudique : te prendre là devant tout le monde, une dernière fois, et puis…t’humilier en t’abandonnant à jamais…

A cet instant précis, on semble lire dans mes pensées, on me pousse vers toi. Tu te retrouves brusquement enserrée sous mes caresses, ma Garance. Je commence par ta taille, puis je remonte doucement vers ton cou hâlé…Je meurs d’envie de sentir ton haleine mentholée sur mon palais et sur ma langue…Mais mon dégoût de toi est plus fort…Je connais ton pouvoir destructeur, Garance, je ne le connais que trop bien, depuis toutes ces années. Avec toi, j’ai avalé la ciguë, le poison qui tue. Tu vas me tuer à petit feu, de mort lente. Sors de ma vie, Asphyxie… Vas rejoindre tes sœurs de perditions…

Un de tes courtisans tente vainement de m’immobiliser tandis que dans ma fureur je te projette violemment sur le sol avant de t’achever avec froideur à coup de talons.

La musique me parvient enfin ; un slow langoureux appelle les amoureux sur la piste aux aiguilles.

La  voix chaude et rauque de Jacques Higelin…

 

« Je suis amoureux

D’une cigarette

Elle a

La rondeur d’un sein,

Qu’on mord ou qu’on tête… »

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